De la dynamique des larmes au cinéma

Selon Jean-Louis Leutrat, « les larmes sont un sujet éminemment
cinématographique ». Connues pour leur faculté de purification, d'échange et
d'union, les larmes permettent aux personnages de communiquer leurs désirs
d'être accueillis les uns dans les autres. Mais de même, dans certains films,
un combat constant entre les larmes et la séparation sert de moteur narratif
et de référent visuel. Ces larmes peuvent être parfois dans l'incapacité de
surgir. Une dynamique propre aux larmes permet ainsi de mieux saisir cette
tension entre le besoin des personnages d'établir une union et une stratégie
dominante de la séparation. Chez Douglas Sirk, Krzysztof Kieslowski et Ingmar
Bergman, Dévoilement, communion et conversion sont les trois étapes de la
dynamique engendrée. Dans cette dynamique, et dans la mise en crise des
larmes, un transfert des larmes devient indispensable et se matérialise de
différentes manières chez les trois cinéastes dont les oeuvres offrent à cette
donnée filmique une dimension visuelle et dramatique supplémentaire.