Chroniques de France
EAN13
9782366598728
Éditeur
Le Mono
Date de publication
Langue
français
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Chroniques de France

Le Mono

Livre numérique

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Notre pauvre histoire de France, grâce aux historiographes patentés, a acquis
une réputation d’ennui. Ce serait une grande et belle chose cependant, que
d’oser réveiller le génie de l’histoire, de le suivre, et de l’interroger à
travers les générations mortes et les siècles éteints, comme Dante suivait et
interrogeait Virgile ; de redescendre en lui donnant la main, de Charlemagne,
le Napoléon du moyen âge, à Napoléon, le Charlemagne moderne ; ce serait un
spectacle nouveau, en le considérant du côté pittoresque et poétique, que
celui que présenterait notre mère-patrie, vue à neuf siècles de distance du
haut du trône de ses deux puissants empereurs, et cependant si rétrécie sous
Charles VII, que le vieux sang français ne circule plus que goutte à goutte au
travers des trois provinces qui lui restent, comme au milieu d’un sablier, ne
passent qu’un à un les grains de poussière qui mesurent le temps. Certes ce
serait là une tâche à remplir la vie d’un homme, à ne lui rien laisser à
désirer à l’heure de la mort, et à placer sa statue sur un piédestal pareil à
celui d’Homère ou de Byron. Quel est le poète auquel cette idée ne soit pas
venue vingt fois comme un remords, et qui n’ait passé bien des heures de sa
vie à l’abandonner et à la reprendre jusqu’à ce qu’il se soit aperçu qu’un
tiers des heures de sa vie était déjà derrière lui, et qu’il ait dit en
regardant à l’œuvre à accomplir et le temps qui lui restait : il est trop tard
; maudit soit Dieu !...Consolons nous donc que le temps manque à qui veut
l’écrire, et si quelques-unes d’elles, par hasard, ou par caprice, désirent
que nous dirigions leurs regards vers une de ces grandes époques qui marquent
l’accroissement ou la décadence d’une nation, exigent que nous leur apprenions
à bégayer ces noms d’hommes que peut seule prononcer assez haut la voix d’un
peuple entier ; déchirons quelques feuillets d’un fabliau gothique, naïvement
enluminé d’or, de rouge et de bleu ; rapetissons la taille d’Hugues Capet, de
François Ier ou de Richelieu, à la dimension des pages d’un album ; laissons
le vent emporter cette page sur leurs genoux, et quand elles auront, depuis sa
naissance jusqu’à son agonie, dévoré un siècle en une heure, que l’œil humide
d’une dernière larme, elles, diront, en nous apercevant : Oh ! j’ai lu votre
nouvelle ! c’est délicieux ! Voilà comme j’aime l’histoire. Oublions nos
espérances sublimes, nos rêves d’immortalité. Oublions travail, gloire,
avenir, tout enfin pour cette larme tremblante aux cils d’un œil noir, que
notre bouche peut recueillir avant qu’elle ne tombe...
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