Un élément perturbateur

Olivier Chantraine

Folio

  • 21 mai 2019

    Envoyé au Japon pour conclure une négociation cruciale, Serge, 44 ans, hébergé chez sa sœur et frère du ministre des Finances, fait capoter l'affaire. Sommé de réparer son erreur, le voici lancé dans l'opération de la dernière chance. Mais les déconvenues vont s'enchaîner... Ce premier roman à l'humour décapant, signé Olivier Chantraine, illustre le rapport ambivalent du héros à la réussite, à la famille, au couple et à tous types de discours dominants. Un livre prenant où l'on se prend rapidement d'affection pour Serge, le doux rêveur.


  • Conseillé par
    23 avril 2019

    Roman qui m'était totalement inconnu, dont je n'avais jamais entendu parler et dont j'espère que la sortie en poche sera une occasion d'en (re)parler beaucoup. Sur fond de politique actuelle : un fringant ministre qui se rêve Président et qui pour cela n'hésite pas à sortir les arguments massue dont on nous rebat les oreilles depuis des décennies, mais un peu modernisés, de la politique-spectacle pour reprendre un terme qui fait désormais partie de notre quotidien, des affaires politico-financières, des trahisons, des familles qui dysfonctionnent, des gens ambitieux prêts à tout pour amasser du pognon, même à écraser autrui et le laisser professionnellement mort, enfin que des bons sentiments... Heureusement, il y a Serge. Serge est un doux-rêveur, un mec qui n’aime pas le travail plus que cela, qui le fait parce qu'il obéit à son grand-frère, à qui la sœur prépare encore le café, l’œuf et les mouillettes chaque matin, un mec hors du temps, pas matérialiste, qui préfère le silence au brouhaha incessant : "Comme si l'absence de paroles était devenue l'une des denrées les plus rares sur terre, l'arme ultime de résistance face aux dérives du monde moderne. Notre société se noie dans un océan de bavardages, des news radio du matin assénées d'un ton faussement enjoué aux débats stériles des présentateurs de chaînes d'infos botoxés comme de vieilles Californiennes, surjouant la complicité jusqu'à l'outrance..." (p. 250) Je l'aime bien Serge et le rejoins sur plein de points (pas tous, parce que parfois on a quand même l'envie de le secouer un peu et qu'à 44 ans, il prenne enfin des décisions pour lui et cesse de se faire porter par ses frère et sœur). Il m'est sympathique et Olivier Chantraine le rend comme tel, grâce à son écriture vive, drôle, ses digressions épatantes -mises dans la bouche de Serge- sur le bruit permanent (cité plus haut), sur les liens politique-finance, sur la géopolitique, ...

    La vie de l'anti-héros Serge ne sera jamais plus la-même après cette négociation ratée avec les Japonais. Son équilibre professionnel, sentimental (Ah Laura et ses longues jambes...) sera chamboulé. Lui, le nonchalant va devoir se bouger un peu et agir... "Aujourd'hui peut-être, ou alors demain..." baillait il y a déjà longtemps un chanteur et même son fils un peu après si mes sources sont bonnes.


  • Conseillé par
    1 avril 2019

    Capitalisme zen

    Serge Horowitz est hostile à toute forme d’engagement. Sa sœur l’héberge chez elle. Il ne doit son travail dans un cabinet de consulting qu’à son frère, ministre des Finances.
    Pour ne rien arranger, il est hypocondriaque et connaît des moments d’aphasie incontrôlables. C’est une de ces crises qui le saisit alors qu’il est en pleine négociation avec une société japonaise. Quand lui revient la parole, il fait capoter l’affaire…
    Mis en demeure de réparer son erreur, le voici lancé dans l’opération de la dernière chance, accompagné de Laura, son associée.
    J’ai aimé le personnage de Serge qui fait des pharmacies sur son chemin son second chez lui.
    J’ai suivi avec le sourire sa relation avec sa collègue Laura qui n’a d’autre choix que de prendre les devants.
    Son absence de relation avec ses patrons, le regard qu’il pose sur eux m’a amusé. J’ai aimé ses réflexions sur le capitalisme sauvage et, en arrière-plan, son frère, ministre des Finances de gauche, qui cache son argent dans des sociétés off-shore.
    J’ai aimé les moments de silence qu’il impose à la société qu’il audite, même si cette partie moins développée ne m’a pas pleinement convaincue, je l’ai trouvée un peu rapide.
    Un roman qui m’a redonné le sourire et foi en l’avenir de notre société : même dans des firmes au capitalisme sauvage, il peut se trouver des hommes de bonne volonté.
    L’image que je retiendrai : celle de la séance de silence dans la salle de réunion du Campanile.

    Une citation :
    "Et surtout les Chinois, contrairement à vous, assument pleinement de ne pas être une démocratie. Ce qui leur confère une force et une capacité à transformer les décisions en actions tout à fait incomparables. Entendons-nous, les États-Unis n’ont absolument rien à envier à la Chine en matière de corruption, et tout le monde sait désormais que le mot démocratie n’a été inventé que pour que vos concitoyens puissent consommer vos produits à outrance en toute tranquillité, avec l’illusion d’être libre." (p.134)

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