Le corps et l'anagramme
EAN13
9782850351051
ISBN
978-2-85035-105-1
Éditeur
L'atelier contemporain
Date de publication
Nombre de pages
224
Dimensions
20,1 x 16,3 x 2,1 cm
Poids
550 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le corps et l'anagramme

L'atelier contemporain

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« Avec l’avènement en 1933-1934 du fascisme en Allemagne, cessation de tout travail utilitaire. Début de la construction de la poupée. » C’est ainsi qu’Hans Bellmer décrit sa volonté d’œuvrer à une destitution des autorités paternelles et politiques : autrement dit à un démontage et à un remontage des corps, pour tendre vers ces choses qu’il dit souhaiter le plus – « celles qu’on ignore ». Porté par un violent désir révolutionnaire, qu’il cultiva au sein de la nébuleuse surréaliste, aux côtés d’André Breton, René Magritte, Gisèle Prassinos, Unica Zürn ou Georges Bataille, ses dessins, comme ses écrits proposés dans cette édition inédite, ont tenté d’ouvrir de telles voies vers l’inconnu du corps et du langage.
Pour cela, Hans Bellmer use des possibilités de décomposition de la réalité consensuelle offertes par l’expérimentation anatomique ou par l’élaboration d’anagrammes. Il procède par étranges déplacements d’organes, comme dans ses Lettres d’amour : « Pas plus petites qu’un grand œil, tes oreilles sont les mains de l’enfant qui occupe ta tête, bercée de tes mains dont l’enfant n’est pas plus grand que toi qui m’aimes… » Les oreilles de la femme aimée font ressurgir le fantôme d’un enfant perdu, selon une technique de déplacement, de détournement, et finalement de « délivrance », comme dit Bernard Noël. Hans Bellmer insiste là-dessus : « L’objet identique à lui-même reste sans réalité. » Sa quête graphique et littéraire vise la désarticulation et la délivrance des corps.
Mais ce n’est pas seulement un Hans Bellmer théoricien ou poète surréaliste que l’on découvre au fil de ces pages. Dans ses lettres, on approche également un personnage touchant, oscillant entre tourments historiques, angoisses matérielles, et joies discrètes. Ainsi trouve-t-on trace de son intranquillité politique dans une lettre à René Magritte de novembre 1946 : « La défaillance en Europe de la race humaine que nous avons entendu appeler “la guerre” etc. – et les répercussions de cela en ma vie intime m’ont enlevé tout goût de dessiner ou d’écrire sur du papier dentelé. » Ce qui n’empêche pas des évocations d’une persévérance sereine, comme dans une lettre à Joë Bousquet de janvier 1948 : « Grâce à Monestier, j’ai un petit coin tranquille où je peux travailler en paix, sans avoir froid. – Et je suis content d’être encore dans le Midi et près de mes amis. » C’est donc un Hans Bellmer aux multiples visages que donnent à lire ses écrits ici rassemblés, incarnant l’idée que les êtres doivent être diffractés pour être vivants.
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