Parabole du failli, ou La Détestation
EAN13
9782330022624
ISBN
978-2-330-02262-4
Éditeur
Actes Sud
Date de publication
Collection
Domaine français
Nombre de pages
192
Dimensions
21,7 x 11,5 cm
Poids
192 g
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Parabole du failli

ou La Détestation

De

Actes Sud

Domaine français

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Alors qu’il semble enfin devoir connaître le succès, Pedro, jeune comédien haïtien en tournée à l’étranger, se jette du douzième étage d’un immeuble. Dans son pays natal, deux amis tentent alors de comprendre les raisons qui ont conduit au suicide un homme que le terrifiant mélange du social et de l’intime a transformé en plaie ouverte. Au point de le contraindre, pour être lui-même, à devenir tous les autres, sur la scène comme dans la vie. Et à signer de sa disparition l’échec de la poésie et du langage à combler la faille qui sépare la lettre du réel.
Jeune artiste rebelle, Pedro a fui son milieu aisé et les blessures infligées par le roman familial pour se mettre à errer en semi-clochard inspiré dans les rues de Port-au-Prince. Lorsqu’il se jette du douzième étage d’un immeuble de la “grande ville étrangère” où il se produisait avec une troupe de comédiens, deux hommes se retrouvent orphelins : l’Estropié, professeur de maths arithmomane et féru de poésie, et le narrateur, qui se rêve en futur auteur d’épopées et subsiste, en attendant, de petits travaux d’écriture parmi lesquels la rubrique nécrologique qu’il tient dans l’unique quotidien de la ville. Tous trois ont partagé au hasard des nuits un appartement aux allures de “bateau ivre” dans un quartier misérable mais plein de vie de la capitale haïtienne, et la disparition brutale de Pedro ne laisse en héritage au modeste équipage des survivants qu’une trop grande part de silence, que le plus écrivain des deux s’emploie à habiter de mots en forme d’enquête et d’haletante oraison funèbre où le chagrin le dispute à la colère et à un intense sentiment d’abandon.
Bien loin de la rhétorique propre à l’éloge funèbre autant que de l’indigente nécrologie “sur trois colonnes” qu’il lui incombera bientôt de rédiger à la mémoire de Pedro, c’est l’ami qui entreprend ici, sur le mode de l’exhortation, d’interpeller le défunt en convoquant le passé d’une relation aussi intense que défectueuse, voire parfois décevante, afin de comprendre de quels désamours, de quels rejets et de quelles incompréhensions le disparu volontaire a pu être la victime. Car que reste-t-il, à présent, de ces nuits d’exaltant partage où trois hommes récitaient des poèmes et échangeaient leurs pensées autour d’une bouteille de rhum ? De ces moments de jubilation quand, sur les marches de l’église Saint-Antoine, Pedro faisait montre de ses généreux talents de comédien ou d’imitateur, citant Baudelaire, Éluard ou Rimbaud comme on dirait bonjour et transmettant aux enfants des rues, à travers son incroyable jeu d’acteur et ses géniales tirades improvisées, son ardente passion pour la littérature et pour la poésie ?
Nul ne savait rien, en tout cas, des poèmes que Pedro lui-même écrivait alors et dont il avait confié le manuscrit, intitulé La Parabole du failli, à la richissime et toute-puissante Mme Armand, laquelle, bien que se vantant de n’aimer rien ni personne, avait pris sous son aile cet être écorché vif et en permanent devenir. Nul ne pouvait, en revanche, ignorer les souffrances que Pedro exhibait avec une aveugle indélicatesse sans jamais chercher à connaître celles de ses deux amis pourtant amèrement lotis en la matière car pourvus d’enfances tout aussi traumatisées que la sienne mais qui avaient réussi à pardonner “à sa douleur d’être bavarde comme l’égoïsme” et le qualifiaient parfois, mais non sans tendresse, de “petit-bourgeois pleurnichard”.
Dans ce livre où la détestation est partout et son centre nulle part, sinon, peut-être, dans l’amour qui en est le revers, Lyonel Trouillot fait le portrait d’un individu que le terrifiant mélange du social et de l’intime a, de l’enfance au plongeon dans le vide, transformé en plaie ouverte jusqu’à le contraindre, pour être lui-même, à devenir tous les autres, sur la scène comme dans la vie. Et rend ainsi hommage à l’humanité du désespoir, à l’échec même des mots qui voudraient le dire mais qui, même dans la langue du Poète, ne peuvent combler la faille qui sépare la lettre de la réalité de la vie.
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Commentaires des lecteurs

Conseillé par
19 février 2014

Ils sont seuls désormais. Dans leur deux-pièces, leur "bateau ivre", leur refuge, le narrateur et l'Estropié sont seul depuis que Pedro a choisi de faire le grand saut depuis le douzième étage d'un immeuble, loin là-bas, dans un pays "couleur ...

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