La peau de l'ours
EAN13
9782070468195
ISBN
978-2-07-046819-5
Éditeur
Folio
Date de publication
Collection
Folio
Nombre de pages
192
Dimensions
18 x 17,8 x 1,2 cm
Poids
124 g
Langue
français
Langue d'origine
français
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La peau de l'ours

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Le narrateur, hybride monstrueux né de l'accouplement d'une femme avec un ours, raconte sa vie malheureuse. Ayant progressivement abandonné tout trait humain pour prendre l'apparence d'une bête, il est vendu à un montreur d'ours puis à un organisateur de combats d'animaux, traverse l'océan pour intégrer la ménagerie d'un cirque où il se lie avec d'autres créatures extraordinaires, avant de faire une rencontre décisive dans la fosse d'un zoo. Ce roman en forme de conte, qui explore l'inquiétante frontière entre humanité et bestialité, nous convie à un singulier voyage dans la peau d'un ours. Une manière de dérégler nos sens et de porter un regard neuf et troublant sur le monde des hommes.
Ce roman en forme de conte, qui explore l'inquiétante frontière entre humanité et bestialité, nous convie à un singulier voyage dans la peau d'un ours. Une manière de dérégler nos sens et de porter un regard neuf et troublant sur le monde des hommes.
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Emission en public de radio Grand Ciel à l'antenne universitaire
Le , Avec Radio Grand Ciel

Emission animaux – les livres qui vont avec

Nous allons parler des animaux, des humains, ou plutôt des rapports qu’ils entretiennent. C’est important, les animaux c’est notre autre privilégié, s’il n’y avait pas d’hommes, il n’y aurait pas d’animaux, et vice-versa, puisqu’un mot n’existe que dans ses rapports avec d’autres mots. Soyons reconnaissants envers cet autre de faire exister le couple homme-animal. Sans les bêtes, nous, humains, ne connaîtrions qu’une existence vacillante, incertaine, et nous douterions de notre permanence sauf à rencontrer un hypothétique extra-terrestre pour lequel, la littérature nous l’indique souvent, nous ne serions peut-être que des bêtes tant leur technologie nous dépasserait.
Pourtant, pendant des millénaires, l’animal connut un statut assez proche du nôtre, un autre qui a pu même parfois atteindre au statut de divinité. Où en serions-nous aujourd’hui d’ailleurs si, plus récemment, dans son « Discours de la méthode (partie V, lettres) », Descartes n’avait pas bouleversé ce destin commun et fait de l’animal une machine, remisant la bête au rang d’objet, ou au mieux d’être non doué de raison. On ne dira jamais assez ce que l’élevage intensif doit au philosophe du XVIIème.
Les choses vont de mal en pis assez vite et au XIXème, c’est carrément la guerre. Sans doute parce que non raisonnable, voilà que « Moby Dick (Herman Melville) » relève le gant et ouvre le champ de la passion haineuse, peut-être du dépit amoureux, qui sait, dans ses relations houleuses avec le capitaine Achab… De tempête en tempête, Edward Prendick (encore un dick), fait aussi naufrage et parvient ainsi sur « L’île du docteur Moreau (HG Wells) » où le docteur s’essaie au perfectionnement de l’œuvre divine en transformant les animaux en hommes, ce qui en fait des monstres. Il aurait dû songer que devenir l’autre, trop vouloir conformer l’autre à soi, l’empêcher d’être autre finalement, ne peut conduire qu’à la folie.
Mais c’est sans doute au XXème siècle que l’homme se prend vraiment pour Dieu, et s’éloigne de la terre, disparaît, devient même un mythe en débarrassant le plancher pour le laisser aux chiens qui continuent à faire exister l’homme dans leurs contes, leur religion sans doute. Mais la religion des chiens n’est-elle pas déjà l’église de la gamelle et des câlins de l’homme ? Dans « Demain les chiens (Clifford D Simak) », les chiens évoquent cet Eden perdu ; les pauvres, on leur a tout fait alors qu’ils nous aiment tant, eux, nos prothèses, nos amis, nos alliés, nos supplétifs, nos sacrifiés, notre meilleur OGM. Pour autant, ce milieu du XXème siècle n’est pas apaisé car si notre autre ne l’est pas assez, s’il est trop proche (pensons au docteur Moreau), les choses se compliquent à nouveau : « La planète des singes (Pierre Boulle) » raconte assez bien comment d’une île on peut passer à une planète, comment la créature surpasse le créateur, l’élève dépasse et l’esclave surpasse le maître. Ici, on doit faire un retour au XIXème avec « La phénoménologie de l’esprit (Hegel) », qui certes ne parle pas des animaux, mais anticipe les renversements de la domination avec sa dialectique du maître et de l’esclave. A se demander si notre acharnement à faire disparaître le plus grand nombre d’espèces possible ne tient pas à cette crainte terrible qu’à la fin ils nous remplacent.
Alors, enfermons-les, tient, conservons-les mais de loin, derrière des grilles ou des barreaux, attachés au poteau ou en laisse. Protégeons-les et protégeons-nous, inscrivons dans l’espace physique cette séparation dont nous ne sommes pas tellement sûrs finalement. Et restons de notre côté, parce que le risque serait grand de nous demander, comme le fait Joy Sorman dans son roman « La peau de l’ours », ce que ça fait d’avoir été le roi des animaux (avant le lion comme le raconte Michel Pastoureau dans « L’ours »), puis de déchoir, et de risquer la disparition, d’être réduit à un objet, et de roi devenir nounours.
Et gardons nous de la confusion des consonnes chez l’enfant, à ce que ça ne soit pas au fond nousl’ours.

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