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13 juin 2013

Le bonheur se cache mais nous attend

" On est de son enfance comme d'un pays ", disait Antoine de Saint Exupéry, celle de Laurence Kiberlain fut heureuse. Deux sœurs et leurs parents, un cocon bienveillant qui puise sa force dans l'amour des siens, la mémoire de grands-parents, juifs polonais, et résiste avec l'humour. Au sein de cette famille, Laurence se voit moyenne, ni stupide ni intelligente, ni laide ni jolie. Une vie ordinaire l'attend et de petits bonheurs réconfortants.  Mais n 'est-ce pas une lutte acharnée que de se maintenir à la moyenne ?  Déjà enfant, la narratrice craint pour la vie et la santé de ses proches avec une inquiétude particulière. Elle fait face à l'anxiété de façon peu commune, cultivant l'énergie vitale de son enfance et retenant les moments heureux qu'elle utilise comme une arme. Lorsque le malheur tapi dans l'ombre frappe, elle est presque prête. La maladie et le deuil du père, la perte d'un petit garçon prématuré, les traitements et les souffrances qui attendent sa sœur jumelle survivante, l'attente du verdict : pourra t-elle marcher ? Les heures, les jours, les mois passés à l'hôpital, l'annonce du handicap, la séparation … Le téléphone n'annonce plus que de mauvaises nouvelles.

Avec des mots simples, des phrases cliniques, l'auteur fait l'autopsie du chagrin, dissèque la vie quotidienne devenue grave à chaque instant. " C'est un pays où les odeurs ne sont pas les mêmes, les lumières non plus, les gens sont différents, dans leur façon de parler, de vous regarder, la nourriture y est étrange, la notion du temps nous est inconnue. " Et puis, il y a les autres, ceux qui vous aiment et que l'on aime, ceux que l'on n'attendait pas. La famille, les amis, les médecins, les infirmières. Des liens indéfectibles se tissent et tendent un parachute. C'est une fille moyenne qui n'avait que des relations intenses comme on aimerait en avoir tous. Pour ne pas tomber, pour ne pas flancher. À force de dérouler des fils, Laurence Kiberlain parviendrait presque à nous faire croire que l'orage est passé. Se battre devient une évidence comme il est certain que l'amour nous sauve. Le bonheur se cache mais il nous attend. C'est un livre de courage et d'espoir. Et si finalement rien n'était grand, rien n'était petit, tout serait au milieu. Quelque part, une ligne médiane ferait l'harmonie et l'équilibre. C'est peut- être celle-ci qu'il faut traquer. La moyenne.

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12 juin 2013

Cœur de père

En exergue, une citation de François Truffaut. Une plaidoirie magnifique, issue du film " L’Argent de poche ", sur l’amour que les enfants doivent recevoir, quoi qu’il arrive. Élise, l’héroïne de " Deux étrangers ", ne s’est, elle, jamais sentie aimée par son père. Un homme tyrannique qui a détruit son enfance puis son adolescence. Un père qui ne la maltraitait pas physiquement, mais qui était capable de lui lancer des mots humiliants, ceux qui font mal, ceux qui blessent à jamais. Élise ne l’a pas vu depuis sept ans. Jusqu'à ce coup de fil bref et péremptoire. Il la somme de venir le rejoindre à Marrakech, où il a refait sa vie. C’est justement une période trouble pour cette jeune femme séparée fraîchement de Simon, le père de ses deux enfants. Sur un coup de tête, et parce qu’au fond elle ne peut faire autrement, elle décide de rejoindre ce géniteur détesté. Au volant de sa vieille R5, elle prend la route. Des centaines de kilomètres pour tenter d’y voir clair. Comment sa mère, juive ashkénaze, pouvait-elle aimer à ce point son mari qui la méprisait? Pourquoi son père reniait-il ses origines algériennes ? Que lui faisait-il donc payer à elle et à son frère, jeune homme sensible qui a préféré fuir très tôt et escalader les montagnes, prendre de la hauteur, loin, très loin de la terrible ambiance familiale? Un long voyage attend Élise : de rencontres insolites en panne de voiture, elle se souvient : réminiscences pénibles et anecdotes hilarantes, questionnements sur sa propre vie devenue bancale, sur ce père qui n’a pas su tenir son rôle. Émilie Frèche nous embarque dans ce « road book » avec une espèce d’allégresse irrésistible, un talent fou. On rit et on pleure, on tremble aussi en imaginant les retrouvailles de ces deux étrangers qui n’ont pas su se comprendre, pas su s’aimer.

Viennent également de paraître du même auteur en poche:

[" Chouquette " (J'ai Lu)](http://www.onlalu.com/site/ouvrages/chouquette/) et [" Le film de Jacky Cukier " (Babel)](http://www.onlalu.com/site/ouvrages/528-2/)

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12 juin 2013

Le gang is back (pour les inconditionnels seulement)!

Le Gang de la clé à molette ? De retour, pour vous jouer un mauvais tour ! Si sa traduction française ne laisse guère planer de doute quant à l’intrigue de ce second opus, le titre original du roman (" Hayduke lives ") éclaire les mystérieuses dernières pages du " Gang " : oui, Hayduke est vivant et il poursuit sa croisade contre le capitalisme rampant et ses sbires, aux côtés d’un étrange cow-boy. On ne peut hélas en dire autant de ses comparses de la première heure qui, après un détour par la case prison, semblent s’être détournés de leur noble cause. Doc et Bonnie n’ont d’yeux que pour leur petit Reuben en attendant leur second enfant ; quant à Seldom Seen Smith, il a suffisamment à faire avec ses trois ménages (il est mormon) et le flot de touristes débarqués dans le Colorado. Ce qui n’est pas pour déplaire à l’inénarrable évêque Love qui, après avoir pourchassé nos quatre acolytes, projette cette fois-ci de construire une mine d’uranium à l’aide du plus gros excavateur jamais construit, Goliath le bien nommé. Devant l’avancée impitoyable de la bête immonde, saccageant les paysages désertiques de l’Ouest, détruisant la faune et la flore, le souvenir du pacte scellé lors d’une veillé au coin du feu se réveille, et notre gang reprend du service.

Le " Retour " renoue avec la verve déjantée et « gilliamesque » (on songe aux visions hallucinées de " Las Vegas Parano ") du premier opus : les gags sont au rendez-vous, la mauvaise foi également, et le propos prend une tournure encore plus radicale que dans le précédent roman, comme le laisse entendre l’avertissement d’Abbey : « Quiconque prendra ce livre au sérieux sera immédiatement abattu. Quiconque ne le prendra pas au sérieux sera enterré vivant par un bulldozer Mitsubishi. » Un préambule jubilatoire, notamment lorsqu’on a dévoré les précédentes aventures sans être totalement repus… Seulement voilà, on rit moins. Achevé en 1989 par son auteur - l’année de sa disparition -, le récit manque de fluidité en dépit de la permanence d’un souffle épique propre à l’écriture d’Abbey, et merveilleusement rendu par la traduction de Jacques Mailhos. Les grivoiseries virent à l’outrancier, les péripéties se chargent de digressions inutiles qui égarent le lecteur. Pire : le récit est empreint d’une aigreur latente qui prend finalement le pas sur la bonne humeur véhiculée par ses protagonistes, comme un ver dévorant la pomme. Abbey pressentait-il la catastrophe écologique  à venir ? Avait-il rendu les armes face à ce combat de David contre Goliath ? Le " Retour du Gang " n’échappe pas à la terrible loi des suites, souvent terne réchauffé de l’œuvre originale. A réserver aux inconditionnels, donc.

[Lire ici notre chronique du 1er volume.](http://www.onlalu.com/site/ouvrages /le-gang-de-la-clef-a-molette/)

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12 juin 2013

Le bonheur ne se cache pas loin

Dunne vit seule avec son papa et a toutes les raisons pour être heureuse. D'ailleurs le soir, quand elle est un peu inquiète et ne parvient pas à s'endormir, elle ne compte pas les moutons mais les moments heureux, ceux de sa toute petite enfance. Aujourd'hui, elle doit rentrer à l'école élémentaire et a un peu peur et si elle ne se faisait pas d'amis ?

Dunne est souvent seule dans la cour de récréation mais un jour, elle découvre une petite fille qui, elle aussi, reste dans son coin à observer les autres. Elle s'appelle Ella Frida. Elle lui propose de faire de la balançoire et se sent emplie de bonheur quand la maîtresse leur dit de s'asseoir l'une à côté de l'autre. Dunne et Ella Frida ne se quittent plus, " qu'il pleuve ou qu'il vente " , elles fondent même un club de la nuit. Dunne ne connaît pas de petite fille aussi heureuse qu'elle.

Mais Ella Frida doit déménager. Un matin, elle est partie. Partie comme la mère de Dunne lorsqu'elle était petite. Dunne sait très bien ce que ça veut dire. Est-ce qu'elle ne reverra jamais Ella Frida ? Depuis son départ, elle regarde la chaise vide, et fait n'importe quoi, elle pousse Jonatan si fort qu'il se casse des dents. Pourtant, Dunne voudrait redevenir celle d'avant et retrouver les sensations de bonheur. Heureusement, Ella Frida ne peut pas vivre sans elle, elle l'invite à faire un voyage…

Dunne comprend peu à peu que les moments heureux sont là et vous constituent; il faut les chercher en soi et on finit par les trouver.

Ce n'est ni un roman, ni une bande dessinée mais un court roman très illustré. Les phrases sonnent si justes qu'elles accrochent les enfants et ne les lâchent plus. " _Tout ce qu'elle écrit est vrai. Quand elle était petite, tout et tout le monde la rendait heureuse_. "

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roman

Éditions Gallmeister

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10 juin 2013

Bonjour les barrés !

![Page0033GRAND](http://www.onlalu.com/site/wp- content/uploads/2013/05/Page0033GRAND1-150x150.gif)Quand une bande d'éco- terroristes un peu barrés décident de partir en croisade contre le progrès industriel saccageant les déserts de l'Ouest, cela donne des étincelles - un feu d'artifice même ! - et quelques-unes des plus belles pages de la littérature américaine. S'il est moins connu sous nos latitudes que les cultissimes " Sur la route "_ _et " Las Vegas Parano ",_ " _Le Gang de la clef à molette "_ _jouit d'un potentiel égal (à quand le film?), mis à jour par les formidables éditions Gallmeister, qui ont eu la bonne idée de faire dialoguer le roman d'Abbey avec les comics_ _de Robert Crumb, autre figure de l'underground.

Doc Sarvis, chirurgien sur le déclin, a deux passions dans la vie : sa plantureuse assistante et maîtresse, Bonnie Abbzug, et la destruction par le feu des panneaux publicitaires longeant les routes du Nouveau Mexique. Lors d'une descente sur le Colorado, ils font la connaissance de Seldom Seen Smith, un paisible mormon polygame, épris de nature sauvage, et de Georges Hayduke, vétéran du Vietnam et ancien béret vert, amateur de bière, de castagne et de jolies femmes. Une veillée au coin du feu plus tard, et voici notre Gang uni par les liens du sang et prêt à en découdre. Bulldozers, tractopelles, camions-citernes, excavateurs, routes, voies ferrées, barrages : aucun n'est à l'abri des clefs à molette qui se forgent une solide réputation au fil des sabotages, de plus en plus audacieux. Evidemment, cela ne va pas sans déplaire aux forces de l'ordre locales, particulièrement pugnaces, qui engagent une folle course-poursuite contre notre joyeuse équipée, sur fond d'étendues désertiques, dévorées de soleil, et du mythique Grand Canyon.![dynanite2](http://www.onlalu.com/site/wp- content/uploads/2013/05/dynanite21-102x96.gif)

Farouche dénonciateur des excès de notre civilisation, Abbey aura mené campagne jusqu'à sa mort en 1989 contre la déforestation, l'exploitation inconsidérée des ressources minières et les grands chantiers défigurant le Sud-Ouest des Etats-Unis, traditionnellement considéré comme un refuge face à la surpopulation et à la violence régnant dans les métropoles américaines. " Le Gang " s’inscrit dans ce combat : véritable injonction à la désobéissance civile, ce roman tragi-comique ne cède pour autant jamais à la moralisation mais exploite une arme d’une toute autre efficacité, l’humour, et une sacrée dose de mauvaise foi. Tous plus attachants les uns que les autres, les personnages âpres, rudes et pas tout à fait civilisés, à mi-chemin entre la mouvance hippie et l’idéologie luddite, sont à l’image de la nature sauvage qui les entoure et qu’ils ont entrepris de défendre coûte que coûte. Abbey avouait s’être inspiré de sa bande d’amis pour ces quatre acolytes, et, en vue du résultat, on se dit que l’on aurait bien aimé en être.

[Lire ici notre critique de la suite](http://www.onlalu.com/site/ouvrages/le- retour-du-gang-de-la-clef-a-molette/)[: " Le retour du gang de la clef à molette](http://www.onlalu.com/site/ouvrages/le-retour-du-gang-de-la- clef-a-molette/)"

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