Revue Etudes

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La revue Etudes est le rendez-vous mensuel des esprits curieux et libres.
Revue de culture contemporaine fondée par la Compagnie de Jésus en 1856.
Chaque mois la revue offre 144 pages de lecture et d'ouverture sur le monde et la culture. International, Société, Essai, Religions, Arts, Figures libres et un carnet culturel : Voir, Ecouter, LIre. Une revue des livres d'une cinquantaine d'ouvrages publiés en français.
Découvrez notre site internet sur www.revue-etudes.com et les liens avec Gallica (BNF) et Cairn (portail de 200 revue de sciences humaines).

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Presses universitaires de France

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17 décembre 2010

Le monde sans fin des jeux vidéo

Sociologue et historien de l’art à Laval (Québec), Maxime Coulombe aborde une question d’actualité qui laisse parfois perplexe lorsque nous voyons jeunes ou moins jeunes absor­bés par ces jeux sans fin qui littérale­ment aspirent dans un tourbillon dont il semble impossible de s’extraire. Pour mener à bien son enquête, l’au­teur qui « est et sera toujours un enfant des jeux vidéo » est redevenu joueur acharné du plus célèbre d’entre eux World of Warcraft (WoW). Cet uni­vers plonge dans un Moyen Age fan­tastique ; il englobe tout et ne dort jamais avec plus de dix millions de joueurs sur la planète. Le monde du jeu permet de se déprendre du monde réel. Il est lieu de reconnaissance et d’épanouissement de soi alors même que la réalité est difficile à vivre. Face à la fluidité de l’existence contempo­raine, à la remise en cause perma­nente des identités, se pose un lieu permettant de se retrouver et respirer. Le jeu peut devenir ce refuge. Reste la menace de s’y laisser enfermer. L’attachement à WoW est à hauteur de la réussite qu’il offre. « Le sentiment de reconnaissance s’y distille en un flot presque continu. » Alors même, souligne Maxime Coulombe, que « la reconnaissance de notre être et la confirmation de notre valeur sont l’oxygène de l’existence », surtout en ces temps où l’identité et l’estime de soi sont fragilisés. La question du dosage rappelle qu’il faut se protéger de ce que l’on désire. Cet ouvrage offre un contrepoids réflexif au pouvoir de fascination du jeu, « de sorte que le sujet soit moins seul face à ces univers séduisants et possède quelque disposi­tif intellectuel de mise à distance pour avancer vers la source de sa fascina­tion. Un miroir pour réfléchir le monde en le tenant à distance. » Cette petite collection dirigée par Michela Marzano offre des analyses originales et inté­ressantes sur notre « Nature humaine ».
Franck Delorme

Presses de la Renaissance

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17 décembre 2010

Seul avec tous

Voici « une petite somme d’idées et de rêveries » de Laurent Terzieff, grand acteur de théâtre qui nous a quittés en juillet 2010. La rencontre décisive de Roger Blin, qui lui transmit tant son amour du théâtre que le « refus du com­promis ». Laurent Terzieff a cherché tout au long de sa vie la densité, ce qui a du poids, du prix. Il évoque les auteurs ren­contrés et aimés : Adamov, Beckett, Rilke ou encore Lubicz-Milosz. L’homme de théâtre, travaillé par la répétition, non celle qui use mais celle qui cristal­lise et inspire pour aller plus loin. Il a fui la facilité, cherchant sans cesse à remettre en cause son travail. Chemin faisant, il donne d’entendre les mots qui font sens et permettent de prendre une conscience plus vive « des sentiments, des aspirations, de nos illusions et de nos combats ». Une belle leçon de vie d’un homme qui a cherché à vivre avec justesse. On pourra également découvrir des photos et des notes de ses carnets, fruits de lectures ou de préparation de ses spectacles.
Franck Delorme

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17 décembre 2010

Le crieur de nuit

La mort n’enlève pas la parole à ceux qui restent. Une fille, âgée de trente ans, bretonne d’origine, fait mémoire de son père dans ce court récit autobiographique. La famille n’est pas toujours le lieu où l’on s’épanouit dans un climat propice à la naissance de soi. La violence est là, prête à surgir. Souvenons-nous de l’histoire de Caïn et Abel, le mal est « à la porte tel une bête tapie qui te convoite ». Nelly Allard retrace les quelques jours qui suivirent l’annonce de la mort de son père jusqu’à l’enterrement. Les évocations du passé : la pêche, les repas, l’école… autant de souvenirs, heureux ou mal­heureux qui remontent spontanément à la mémoire. Comment dire au revoir à celui qui l’a blessée au long des années ? Etait-il jaloux de l’amour de ses enfants, rêvant d’avoir sa femme pleinement pour lui-même ? Un père, crieur de nuit, très tôt malade qu’il a fallu accompagner des années avec patience et dévouement. Une mère qui n’a jamais baissé les bras, toujours pré­sente, aimante, auprès de celui dont le comportement révélait violence et fer­meture. Chacun des enfants a tissé une relation unique avec le père comme avec la mère. Pour certains, il était mort depuis longtemps, le lien s’était distendu… Pour les autres, malgré tout, la relation demeurait vivante. Dans ces moments de deuil, il importe d’écouter ce qui surgit alors même que l’on pourrait croire que tout est fini. La musique des mots révèle en chacun que la vie continue, non sans liens.
Franck Delorme

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10 juin 2010

La Cité perverse

La société classique serait-elle devenue une Cité perverse ? Dany-Robert Dufour s’intéresse à ce basculement dans son dernier ouvrage. La cité perverse s’emploie à remettre au premier plan les lois de la nature.

L’auteur met en lumière la démesure dans laquelle notre société est en train de sombrer, animée par la volonté du toujours plus et du sans limite. Un commandement suprême l’anime : « jouis ». « Et que désire-t-on quand on jouit ? Que tout ce qui nous entoure ne s’occupe que de nous, ne pense qu’à nous, ne soigne que nous » souligne le Marquis de Sade. Cette incitation permanente à entendre notre ego, à susciter et à répondre à nos appétits pulsionnels est encouragée par notre société à l’ère libérale. Les individus cherchent sans cesse à tirer le meilleur parti, à tenir l’autre pour cause permanente d’entrave à ses propres satisfactions. L’égoïsme triomphe. D.-R. Dufour souligne que les figures du Marquis de Sade et d’Adam Smith sont plus proches l’une de l’autre qu’il n’y paraît. Le « laisser-faire » n’est-il pas le mot d’ordre du capitalisme pour que se réalise le plan divin caché ? Une maxime exprime l’esprit du système puritain d’Adam Smith et du système pervers du Marquis de Sade : « Donnez-moi ce dont j’ai besoin et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous-même. » Une invitation à déréguler qui mène logiquement à un laissez-faire total. Le libéralisme fait alors peser sur l’être-soi comme sur l’être-ensemble une lourde menace, souligne l’auteur. La cité perverse oublie ou nie la Loi. D.-R. Dufour tente de réveiller notre conscience comme notre réflexion, afin que nous prenions la mesure de notre dérive. Nous pourrons alors comme il nous y invite « enfermer l’homme sadien dans une impasse pour empêcher que cet homme ne fasse de sa funeste solution la seule issue possible. »

Franck Delorme, la revue Études

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18 mai 2010

Pour libérer l'Evangile

Comment rendre plus accessible l’évangile à nos contemporains ? Comment désensabler la source pour qu’elle devienne à nouveau jaillissante « en vie éternelle » ? Comment annoncer cette « heureuse nouvelle » dans notre société pluraliste ?

Paul Tihon, jésuite belge et théologien, propose une réflexion en trois temps : un premier pour faire un effort de lucidité, un second pour dégager ce qui fait la sin­gularité du christianisme et enfin un troisième pour dire en quoi cette bonne nouvelle peut changer notre vie. Ainsi il nous aide à reconnaître ce qui germe et préfigure l’avenir de l’Eglise, et s’in­terroge sur ce que cela signifie que de « faire Eglise ».

Ces pages très acces­sibles aideront les chrétiens à réfléchir à la situation présente de façon réaliste et constructive. Ainsi l’Evangile pourra être cette force vive pour une foi plus engagée et responsable, pour prendre une part active à la vie de l’Eglise.

Franck Delorme -Rédacteur en chef de la Revue ETUDES

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