Jeu de piste
Prenez la réalité politique et médiatique des 30 dernières années. Considérez quelques uns de ses principaux commentateurs, ceux qu'on appelle les intellectuels. Mélangez un peu les faits, déformez légèrement les situations, grimez légèrement les personnages. Restez sobre cependant, de manière à ce qu'on identifie les affaires et les gens. C'est alors que la réalité devient la fiction, et que cette fiction commente notre monde. Une dystopie en somme, mais à peine. Peut-être seulement le réel avec l'humour en prime.
Magnifique
Margaux a fui, il y a des années, les personnes avec lesquelles elle entretenait les liens d'affection les plus forts. Mais, à l'occasion de la mort de son ami d'enfance, elle revient pour parler aux vivants, et peut-être aux morts. Réflexion poétique sur notre rapport à tous au passé, à la permanence de nos disparus et de nos sentiments, sur la possibilité de la réparation, le texte de Muriel Barbery se double d'une réflexion sur le pouvoir, la trahison, la fuite.
On retrouve la phrase et l'humour de Julia Deck qui sort pourtant de son exercice habituel de romancière. Mais c'est comme si ce livre était urgent et nécessaire pour raconter une épreuve : celle de l'avc de sa mère qui va les conduire toutes les deux d'hôpitaux en maisons de soins. Comme le retour de vieux traumatismes, l'accident va conduire l'autrice à explorer le passé de sa mère, les vides et les inconnues de leur origine, à l'une comme à l'autre. Il n'y a que la littérature pour explorer la réalité lorsque les faits se font incertains et les témoins muets et pour tenter de saisir les contours de sa propre origine.
Le point de vue du personnage sur l'auteur
L'heure bleue est ce moment de lumière étrange qui hésite entre le jour et la nuit. Comme sans doute Andrea, narratrice du roman de Peter Stamm, est entre deux âges, entre deux travaux, entre deux amours peut-être. Avec son compagnon Tom, elle entreprend un début de documentaire sur le grand écrivain Richard Wechsler. Après une succession de rendez-vous incomplets ou avortés, elle va essayer de dresser les contours de la personnalité de Wechsler au travers de la femme qu'il a aimée, un peu clandestinement. Ce projet là n'ira pas plus à son terme, mais Andrea fera au fond un voyage vers elle-même, comme un personnage de Wechsler le ferait. Comme si ce livre était un commentaire fuyant sur l'auteur que le personnage essaierait de saisir.
Pastorales
Dans des montagnes transformées en promenoirs pour touristes épris de nature sauvage, une éleveuse et une bergère racontent à un visiteur leur quotidien façonné par la compagnie des bêtes. Leur chronique d’altitude ne chante pas la rêverie de la tradition bucolique, mais les gestes du pastoralisme et ses réalités rugueuses.
Croisés aux proses du visiteur, les travaux et les jours de ces vies solitaires composent un chant de terrain sur le métier des bêtes et le métier d’écrire.
Une co-écriture signée Violaine Bérot, Florence Debove et Jean-Christophe Cavallin.
Nicolas Gruszkiewicz pour l'&