Faber, Le destructeur

Tristan Garcia

Gallimard

  • Conseillé par
    11 octobre 2013

    Désillusions...

    Ce roman est, entre autre, une "thèse" sur les désillusions de l'adolescence, c'est aussi un roman générationnel.

    Les 3 protagonistes ne se sont pas revus depuis une décennie. Si Madeleine et Basile sont rentrés dans le rang du monde adulte : elle en tant que pharmacienne ; lui comme professeur de français, Faber (Medhi) lui, s'est perdu dans ses illusions. Devenu une véritable loque humaine, le charismatique surdoué n'a aucun pied dans la vraie vie.

    Mais par quelle machination Faber est-il de retour ? Un retour qui va remuer bien des souvenirs car celui qui n'a pas tenu ses serments et ses espoirs est un "destructeur" et si il l'est envers les autres, il l'est avant tout pour lui-même.

    Ce garçon vindicatif mais attachant était fascinant aux yeux de tous, ce libertaire capable de rameuter les foules autour de lui ne s'est pas intégré dans l'aujourd'hui. Pour lui, aucun chemin logique sauf celui de la marginalisation. Mais comment vivre - ou survivre- en étant autant à côté de la plaque ? Il ne veut rien savoir de ce qui est normal, rationnel, uniforme...

    L'histoire est divisée en chapitres alternés entre le passé communs des 3 amis et le présent vu tour à tour par chacun d'entre eux.

    D'une écriture moderne, Tristan Garcia dresse le bilan du désarroi d'une génération dans la France contemporaine où les ados n'ont plus vraiment le désir de faire bouger les choses et les gens.

    Une lecture instructive, plaisante, malgré quelques petites longueurs.


  • Conseillé par
    1 octobre 2013

    Faber, Basile, Madeleine : trois enfants nés dans les années 80, un trio inséparable depuis la cour de récréation de l’école primaire de Mornay, trois gamins unis à la vie à la mort qui se rêvaient un avenir brillant, qui ne voulaient pas d’une vie de français moyens, dans une ville moyenne d’un pays moyen. Emportés par la fougue de Faber, le génial, le flamboyant, le surdoué, le meneur d’hommes, les trois amis grandissent, s’impliquent dans les grèves lycéennes, se cherchent et cherchent un combat à mener. Mais les années 2000 sont peu propices à la lutte et la vie les rattrape. Faber se radicalise, quitte la ville; Madeleine et Basile rentrent dans le rang.

    Quand bien des années plus tard, Faber revient à Mornay, il n’est plus que l’ombre de lui-même, Madeleine s’ennuie dans son couple et dans son travail, Basile est professeur dans leur ancien lycée. Leurs rêves se sont perdus en route mais il reste des comptes à régler…

    Un livre qui aurait pu être fabuleux mais laisse une impression de gâchis. A la juste description d’une ville, certes fictive mais comme il en existe tant en France (centre historique, quartiers aisés, cités périphériques, etc.) s’ajoutent une histoire d’amitié forte, la personnalité charismatique de Faber, héros tout-puissant, deux fois orphelins, se trimbalant une aura sullfureuse. Mais ce qui se voulait le roman d’une génération, perdue de vivre dans un pays libre et démocrate, tourne très vite en eau de boudin. Faber est finalement un héros sans envergure qui peine à trouver une cause pour laquelle se battre et ses exploits sont peu glorieux. Ses deux comparses passent de timorés à frustrés et n’ont que très peu d’intérêt. Mais le pire du roman, c’est sa fin. Si jusqu’alors le roman se lisait sans passion mais sans ennui, la fin bat des records de complaisance. Tristan GARCIA y met en scène un personnage qui porte le même prénom que lui, ce n’est sans doute pas un hasard mais alors qu’est-ce? Une lubie narcissique et nombriliste ? Quoi qu’il en soit, le procédé enlève toute crédibilité à un récit qui en manquait déjà cruellement…
    Faber, destructeur peut-être, mais qui ne casse pas trois pattes à un canard.