- EAN13
- 9782021249651
- Éditeur
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Date de publication
- 1980
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Le scandale du corps parlant : «Don Juan» avec Austin ou La séduction en deux langues
Don Juan avec Austin ou la séduction en deux langues
Shoshana Felman
Seuil (réédition numérique FeniXX)
Livre numérique
La parole est une promesse corporelle. Que promet-elle ? Le scandale. Celui du
rapport incongru entre la parole et le corps. Celui de la promesse d'amour.
C'est cette promesse — séductrice — qui est ici étudiée, à partir du Don Juan
de Molière et de la théorie d'Austin, découvreur des actes de langage. La
psychanalyse, elle aussi, vient au rendez-vous : mais, dans ce contexte
inédit, elle est nécessairement déplacée, repensée. Cette étrange rencontre
entre un philosophe anglais moderne, et une figure mythique du théâtre
classique français, débouche sur la question de ce qui se passe, dans la
langue, entre connaissance et jouissance, entre le français et l'anglais,
entre la séduction théorique et la séduction rhétorique. Le mythe et la
théorie se laissent interroger l'un par l'autre pour que puisse se révéler,
au-delà de leur sens, leur pouvoir, au-delà de leur discours, leur force
d'acte. Que tente cette approche autre ? L'important, ce n'est peut-être pas
tant la façon dont le discours théorique informe l'analyse littéraire, mais
celle — insolite — dont la littérature fait retour sur la théorie. Je voudrais
dire comment et pourquoi la littérature m'instruit d'un savoir qu'elle ne se
sait pas posséder, alors que la théorie, en ayant l'air de parler de concepts,
en réalité fait acte — de la vie, de la mort, de l'amour. Car, c'est en un
sens Don Juan lui-même qui, ici, fait la théorie des actes de langage, alors
qu'Austin, par les tours et détours de sa propre rhétorique, met en acte le
donjuanisme foncier du langage même de la théorie.
rapport incongru entre la parole et le corps. Celui de la promesse d'amour.
C'est cette promesse — séductrice — qui est ici étudiée, à partir du Don Juan
de Molière et de la théorie d'Austin, découvreur des actes de langage. La
psychanalyse, elle aussi, vient au rendez-vous : mais, dans ce contexte
inédit, elle est nécessairement déplacée, repensée. Cette étrange rencontre
entre un philosophe anglais moderne, et une figure mythique du théâtre
classique français, débouche sur la question de ce qui se passe, dans la
langue, entre connaissance et jouissance, entre le français et l'anglais,
entre la séduction théorique et la séduction rhétorique. Le mythe et la
théorie se laissent interroger l'un par l'autre pour que puisse se révéler,
au-delà de leur sens, leur pouvoir, au-delà de leur discours, leur force
d'acte. Que tente cette approche autre ? L'important, ce n'est peut-être pas
tant la façon dont le discours théorique informe l'analyse littéraire, mais
celle — insolite — dont la littérature fait retour sur la théorie. Je voudrais
dire comment et pourquoi la littérature m'instruit d'un savoir qu'elle ne se
sait pas posséder, alors que la théorie, en ayant l'air de parler de concepts,
en réalité fait acte — de la vie, de la mort, de l'amour. Car, c'est en un
sens Don Juan lui-même qui, ici, fait la théorie des actes de langage, alors
qu'Austin, par les tours et détours de sa propre rhétorique, met en acte le
donjuanisme foncier du langage même de la théorie.
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