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Aide EAN13 : 9789999998710
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« Il y avait huit ans que jétais chez Mme Guérin. Je venais dy prendre ma
dix-septième année, et depuis cet intervalle je navais pas été un seul jour
sans y voir régulièrement venir tous les matins un certain fermier général
pour lequel on avait de grands égards. Cétait un homme pour lors denviron
soixante ans, gros, court et ressemblant assez dans tous les points à M.
Durcet. Il avait, comme lui, de la fraîcheur et de lembonpoint. Chaque jour
il lui fallait une fille nouvelle, et celles de la maison ne lui servaient
jamais quen pis-aller ou quand létrangère manquait au rendez-vous. M. Dupont
cétait le nom de notre financier, était aussi difficile dans le choix des
filles que dans ses goûts. Il ne voulait point absolument que la fille fût une
putain, à moins que dans les cas forcés, ainsi que je viens de le dire, il
fallait que ce fussent des ouvrières, des filles en boutique, surtout des
marchandes de modes. Lâge et la couleur étaient également réglés : il les
fallait blondes, depuis quinze ans jusquà dix-huit ans, ni au-dessus ni au-
dessous, et par-dessus toutes qualités, il fallait quelles eussent le cul
moulé et dune netteté si singulière que le plus léger bouton au trou devenait
un motif dexclusion. Quand elles étaient pucelles, il les payait double. On
attendait pour lui, ce jour-là, une jeune ouvrière en dentelle de seize ans,
dont le cul passait pour un véritable modèle ; mais il ne savait pas que
cétait là le présent que lon voulait lui faire, et comme la jeune fille fit
dire quelle ne pouvait se débarrasser ce matin-là de ses parents et quon ne
lattendît pas, la Guérin, qui savait que Dupont ne mavait jamais vue,
mordonna tout de suite de mhabiller en bourgeoise, daller prendre un fiacre
au bout de la rue et de débarquer chez elle un quart dheure après que Dupont
serait entré, en jouant bien mon rôle et me faisant passer pour une apprentie
en modes. Mais par-dessus tout soin, le plus important à remplir fut de me
remplir sur-le-champ lestomac dune demi-livre danis, par-dessus laquelle
javalai un grand verre de liqueur balsamique quelle me donna et dont leffet
devait être celui que vous allez entendre tout à lheure. Tout sexécute au
mieux : on avait eu heureusement quelques heures à soi, moyennant quoi rien ne
manqua. Jarrive dun air bien niais. On me présente au financier qui dabord
me lorgne attentivement, mais, comme je mobservais avec la plus scrupuleuse
attention, il ne put rien découvrir en moi qui démentît lhistoire quon lui
fabriquait. "Est-elle pucelle ? dit Dupont. Non par là, dit Guérin en
mettant la main sur mon ventre, mais pour lautre côté, jen réponds." Et elle
mentait si impudemment. Nimporte, notre homme sy trompa, et cest tout ce
quil fallait. "Troussez, troussez", dit Dupont. Et la Guérin leva mes jupes
par-derrière, me penchant un peu sur elle, et découvrit par ce moyen au
libertin le temple entier de son hommage.
dix-septième année, et depuis cet intervalle je navais pas été un seul jour
sans y voir régulièrement venir tous les matins un certain fermier général
pour lequel on avait de grands égards. Cétait un homme pour lors denviron
soixante ans, gros, court et ressemblant assez dans tous les points à M.
Durcet. Il avait, comme lui, de la fraîcheur et de lembonpoint. Chaque jour
il lui fallait une fille nouvelle, et celles de la maison ne lui servaient
jamais quen pis-aller ou quand létrangère manquait au rendez-vous. M. Dupont
cétait le nom de notre financier, était aussi difficile dans le choix des
filles que dans ses goûts. Il ne voulait point absolument que la fille fût une
putain, à moins que dans les cas forcés, ainsi que je viens de le dire, il
fallait que ce fussent des ouvrières, des filles en boutique, surtout des
marchandes de modes. Lâge et la couleur étaient également réglés : il les
fallait blondes, depuis quinze ans jusquà dix-huit ans, ni au-dessus ni au-
dessous, et par-dessus toutes qualités, il fallait quelles eussent le cul
moulé et dune netteté si singulière que le plus léger bouton au trou devenait
un motif dexclusion. Quand elles étaient pucelles, il les payait double. On
attendait pour lui, ce jour-là, une jeune ouvrière en dentelle de seize ans,
dont le cul passait pour un véritable modèle ; mais il ne savait pas que
cétait là le présent que lon voulait lui faire, et comme la jeune fille fit
dire quelle ne pouvait se débarrasser ce matin-là de ses parents et quon ne
lattendît pas, la Guérin, qui savait que Dupont ne mavait jamais vue,
mordonna tout de suite de mhabiller en bourgeoise, daller prendre un fiacre
au bout de la rue et de débarquer chez elle un quart dheure après que Dupont
serait entré, en jouant bien mon rôle et me faisant passer pour une apprentie
en modes. Mais par-dessus tout soin, le plus important à remplir fut de me
remplir sur-le-champ lestomac dune demi-livre danis, par-dessus laquelle
javalai un grand verre de liqueur balsamique quelle me donna et dont leffet
devait être celui que vous allez entendre tout à lheure. Tout sexécute au
mieux : on avait eu heureusement quelques heures à soi, moyennant quoi rien ne
manqua. Jarrive dun air bien niais. On me présente au financier qui dabord
me lorgne attentivement, mais, comme je mobservais avec la plus scrupuleuse
attention, il ne put rien découvrir en moi qui démentît lhistoire quon lui
fabriquait. "Est-elle pucelle ? dit Dupont. Non par là, dit Guérin en
mettant la main sur mon ventre, mais pour lautre côté, jen réponds." Et elle
mentait si impudemment. Nimporte, notre homme sy trompa, et cest tout ce
quil fallait. "Troussez, troussez", dit Dupont. Et la Guérin leva mes jupes
par-derrière, me penchant un peu sur elle, et découvrit par ce moyen au
libertin le temple entier de son hommage.
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