L'enracinement

Cent ans après le génocide de 1915, la mémoire arménienne est toujours meurtrie. La Turquie, malgré les condoléances présentées par son Premier ministre, s’obstine à ne pas reconnaître un crime contre l’humanité qu’Hitler lui-même utilisa comme argument pour entreprendre l’extermination des Juifs d’Europe. Les faits sont pourtant établis, de nombreux récits de rescapés ont été publiés. Pourquoi le déni est-il encore perçu comme une nécessité absolue par le pays où les horreurs ont été perpétrées ? Pourquoi la troisième génération des survivants, aujourd’hui enracinée dans d’autres citoyennetés apaisées, ne peut-elle toujours pas refermer ce chapitre si amer ?



Ce livre n’a pas pour objet d’entrer une nouvelle fois dans le débat historique. À partir d’un simple recueil de souvenirs laissé par son grand-père avant sa mort, l’auteur reconstitue le corps d’un peuple en remontant le temps. Il relie à son propre parcours de Français assimilé ce déchirement avec lequel il faudra bien en finir un jour. Un des moyens les plus sûrs d’y parvenir est de situer le drame de 1915 dans la longue marche d’une nation farouchement attachée à son identité, à sa langue, à sa religion, et qui a beaucoup plus apporté à l’humanité que sa faible influence sur les grands empires ne le laisserait penser. Voici la véritable épopée d’un peuple qui n’occupa jamais le devant de la scène et qui se trouva partout présent. Voici des personnages remarquables et méconnus, des généraux romains, des empereurs byzantins, des Croisés, des reines mystérieuses, des fondateurs intrépides et une longue lignée de penseurs et d’artistes.