Clara

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Une lectrice sans prétention, amoureuse de la vie qui habite au bout du monde (ou presque). Et un blog pour parler lectures : http://claraetlesmots.blogspot.fr

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27 mai 2019

Il aura fallu d’une affiche signalant un avis de recherche pour que Nathan le reconnaisse. Le vieillard signalé disparu il y a plusieurs mois n’est autre que Gavril. Ce saltimbanque musicien et poète avait apporté de la fantaisie lumineuse et réconfortante dans le quotidien morne de Nathan alors âgé de neuf ans. Il lui avait entrouvert les portes sur la poésie, et la vie de cet enfant renfermé à l’élocution difficile s’était soudainement éclairée.

Trente ans plus tard, Nathan part à la recherche de Gavril qu’il croyait décédé. Leur amitié avait été rompue brutalement ce qui avait plongé Nathan dans la culpabilité.
Qui était vraiment Gavril cet homme au grand cœur marqué par des stigmates dont il ne parlait pas ? Nathan va remonter le fil des années pour assembler les pièces du puzzle en Roumanie et mettre des mots sur les silences. L'histoire de Gavril heurtée par la grande Histoire avec ses soubresauts de haine et de violence se dessine et agit comme un catalyseur pour Nathan jusqu'à alors prisonnier de son immobilisme.

Avec son créature poétique, charnelle et ciselée, Sylvie Germain nous parle de périodes sombres mais aussi de renaissance, d'amitié et de beauté. La musicalité résonne dans cet hymne d'amour à la liberté, la luminosité éclipse et contraste avec la noirceur, et cette luminosité rend possible tous les espoirs.
Une auteure à laquelle je suis fidèle pour son écriture d'orfèvre et pour les thèmes qu'elle aborde. Une fois de plus, l'alchimie s'est produite avec ce livre à la tolérance bienveillante qui sème des graines d’humanité.

https://claraetlesmots.blogspot.com/2019/05/sylvie-germain-le-vent-reprend-ses-tours.html

22,80
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23 mai 2019

Parce qu'elle souffre de diverses affections pour lesquelles la médecine classique ne peut rien, Mary suit une thérapie de KAPologie sur les conseils de son amie "Techniquement, m’expliqua Chandra, la KAPologie est une forme de chi neurophysiologique, une technique relativement obscure, qui se situe aux marges de l’avant-garde ou aux marges des marges, selon à qui tu poses la question. "Dispensées par un (pseudo) thérapeute, les séances lui coûtent très cher mais comme elle est convaincue des bienfaits, il est hors de question de question pour elle d’arrêter. Coup de chance, elle tombe sur une petite annonce qui recherche des candidates pour un programme spécifique d'étude contre rémunération.

Après série d’entretiens et de tests, Mary intègre une expérience un peu spéciale autour de Kurt, star du cinéma adorée et idolâtrée par de nombreuses personnes. Le but du programme étant d’identifier le mécanisme amoureux, de l'analyser sous toutes les coutures.vMary devient la "Petite Chérie Emotionnelle" de Kurt. Bardée de capteurs, son rôle est de l’écouter car toutes leurs entrevues seront filmées et décryptées, et les données passées au peigne fin.

Comme dans "Personne ne disparaît", Catherine Lacey fait preuve d’inventivité et ce roman est extrêmement singulier et intrigant. On navigue entre l’étonnement, l’ironie sous-jacente, un certain cynisme et la sensation par moments d’être légèrement dérouté. Détonante par son côté un peu étrange, Mary donne l'impression en apparence d’être souvent à côté de la plaque, décalée à l'image de ce roman.

Les désirs personnels ou scientifiques, la quête du bien-être, la manipulation, la solitude et les dérives les plus extrêmes sont au centre de roman.
Complètement surprenante et originale, loin d'être lisse, cette lecture sort assurément des sentiers battus mais il lui manque, au final, de la cohésion. Mais malgré tout, l'écriture de Catherine Lacey m'a une fois de plus accrochée par son originalité.

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20 mai 2019

Derrière ce titre évocateur et prometteur se dessinent des zones partagées entre deux mondes où animaux et humains se croisent. Avec la première nouvelle, Frou-Frou, une cane blessée recueillie et soignée dans un refuge pour oiseaux. Elle cherche la protection de Louis qui s’attache à elle, au point qu’il la prenne chez lui. Il veille sur elle, lui porte une attention et un amour sincère. Elle se rétablit ou presque. Et croyez-moi j'ai eu des poissons d'eau dans les yeux comme pour les nouvelles suivantes.

Pas de mièvrerie ou de sensiblerie mais une précision des mots pour décrire cette lisière où hommes et animaux interagissent. Des liens nimbés d’une forme de liberté où des vies fragiles se révèlent fortes sans pour autant occulter les menaces. Bien sûr, il y a les personnages humains mais les animaux comme un cheval, un merle, un hérisson, un chat ou même des fourmis ont une part importante dans ces textes. Caroline Lamarche nous surprend et nous émeut.

L'auteure nous offre neuf nouvelles ciselées, épurées pourvues de cette beauté simple en apparence qui m’a cueillie. Une écriture où la réalité même si elle est dure se mêle à la poésie et à la sensibilité. Caroline Lamarche restitue les peurs, la perte, les douleurs mais aussi l'amour, l'humilité, la complicité ou tout simplement ces instants riches aussi fugaces soient-ils.

Le cœur et l'âme vrillés d'émotions, j'ai frémi, j'ai vibré de cette fragilité mise en exergue, de ces liens précieux qui gardent leur part de mystère. Un gros coup de cœur qui laisse dans son sillage des émotions profondes.
Ce recueil a obtenu le Goncourt de la nouvelle, un prix largement mérité à mes yeux.

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17 mai 2019

J'avoue, je suis faible. Très faible. Prenez la couverture, ajoutez les avis deux copines blogueuses et il ne m'en a pas fallu plus pour que j'ai une envie irrépressible de lire ce roman. Voilà, faible un jour, faible toujours.

Baptiste lui s'enfonce. À quarante ans, largué par sa copine, son troisième roman est un cuisant échec. Les ventes qu'il scrute sur Amazon ne décollent pas. La moral au fond des chaussettes, il traîne sa peine dans son appartement. Jusqu'au jour où sa voisine Madame Halberstadt lui demande de garder son chien juste pour quelques jours. Sans trop avoir le choix, il accepte et se voit confier Croquette, un carlin très bien portant. Et comme tous les chiens, il faut le nourrir et le promener.
Croquette s'adapte très bien de la nouvelle situation et la malchance semble enfin quitter Baptiste. Enfin, son roman se vend, son ex-copine se dispute avec son nouvel amoureux. Baptiste respire, reprend confiance en lui et s'autorise à espérer. Hasard ou coïncidence? Franchement, un chien ça vous change la vie sauf que Baptiste doit le rendre à sa propriétaire.

Stéphane Carlier mène tambour battant ce roman aigre-doux. C'est frais, pétillant mais aussi mordant. Tant "Les gens sont les gens" m'avait laissée dubitative tant j'ai souri et ri avec cette lecture. Non seulement l'ensemble des personnages est bien croqué mais en plus "Les chaussures italiennes" d'Henning Mankell apparaît dans la liste des belles choses rédigée par Baptiste (on ne peut vraiment pas nier qu'il a bon goût).
Une petite friandise nullement réservée à celles et ceux qui ont un compagnon canin, qu'on se le dise.

https://claraetlesmots.blogspot.com/2019/05/stephane-carlier-le-chien-de-madame.html

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15 mai 2019

À l'origine de cette saga qui débute en 1920, le couple de fermiers Langton de l'Iowa a une descendance que l'on a pu découvrir dans les deux tomes précédents. La roue généalogique se poursuit et ici un peu plus de trente années (de 1987 à 2019) sont déclinées.

Tandis que la plupart des membres de la famille a préféré d'autres domaines d'activité, ceux qui ont repris le flambeau de l'exploitation appliquent des principes de rentabilité au détriment de l'environnement. Des facteurs sociaux, politiques ou économiques interfèrent ou influencent les destins. Des choix sont opérés, certains sont assumés, d'autres sont regrettés. Et comme dans toutes les familles, les relations entre les membres ne sont pas un long fleuve tranquille surtout quand l'appât du gain et du pouvoir nourrit les ambitions personnelles.
En se calquant sur des grands événements, l'auteure s'intéresse aux histoires personnelles. Sans jamais être indigeste ou verser dans la caricature, ce roman dense mais fluide est fouillé avec des pointes d'humour et d'ironie. Et tout au long de ces pages, on ressent l'empathie de l'auteure et une impression d'authenticité très forte.

Jane Smiley a su mêler l'intime, le quotidien et les préoccupations de ses personnages qui nous ressemblent ou qui nous semblent familiers pour les ancrer dans l'histoire américaine. C'est terriblement réussi et si par moments certains aspects politiques ont été un brin trop détaillés pour moi, ce point n'enlève rien au talent de conteuse de Jane Smiley.
Je n'ai pas boudé mon plaisir avec des émotions bien présentes et un intérêt qui n'a pas faibli. Un plaisir de lecture !

Pour celles et ceux qui ont peur de se perdre, on ne panique pas car ce dernier tome est agrémenté d'un arbre généalogique complet.

https://claraetlesmots.blogspot.com/2019/05/jane-smiley-un-siecle-americain-tome-3.html