La silencieuse

Ariane Schreder

Philippe Rey

  • Conseillé par
    13 janvier 2014

    Suite à une rupture amoureuse, Clara quitte Paris et se réfugie dans une maison à la campagne, au bord de la Loire, où elle pourra sculpter dans la solitude et le calme. Elle n'a pas de projet précis, elle se laisse plutôt porter par son intuition, elle sait seulement qu'elle a besoin de cet éloignement et qu'elle s'y sent bien. Comme elle le dit elle-même "Je n'ai jamais été très douée avec les mots".
    C'est un premier roman que je qualifierai de doux et feutré. Il ne se passe pas grand chose, Clara observe, se promène tous les jours le long du fleuve, y ramassant des pierres très anciennes. Elle regarde la nature, les oiseaux, rencontre l'Adorateur, un jeune marginal qui prend tous les jours une photo du paysage.

    Peu à peu, elle fait connaissance avec quelques villageois, Thierry l'artisan qui rend habitable sa maison, Ameline la pharmacienne qui, elle, donnerait cher pour quitter cette campagne qu'elle exècre, Omar, le précieux voisin et sa chienne, Belle.
    Elle sculpte le papier emplissant sa maison de ses oeuvres légères et aériennes ; pour le moment, elle est incapable de passer à une matière plus lourde. Le texte est émaillé de citations de Giacometti et Arp sur la création, en touches délicates. L'arrivée d'un petit chaton, Plume, va rompre sa solitude et l'ouvrir à d'autres réflexions . Régulièrement, la douleur de la rupture revient la blesser, la faisant se replier encore un peu plus sur elle-même. Julie, la fille d'une amie vient quelquefois égayer sa maison.
    Au bout d'un an, elle ne sait toujours pas ce qu'elle veut faire, "je me sens plus évanescente que jamais" dit-elle. Le départ de quelques personnes de son entourage va la contraindre à se questionner sur sa solitude et son avenir, ses anciens amis la pressant de revenir à Paris. Je n'en dirai pas plus, sinon que j'ai aimé l'écriture, je me suis retrouvée dans certaines réactions de Clara et sans savoir exactement pourquoi, j'ai été charmée par cette parenthèse discrète, ce lent glissement des jours, loin du fracas du monde.