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“Jésus selon Mahomet” : “une belle ouverture à méditer”

L' Obs
Par L' Obs
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Publié le 26-11-2015 à 09h31

Alors qu'ils consacrent une série documentaire à “Jésus et l'islam”, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur publient un essai, “Jésus selon Mahomet”. L’auteur de “la Psychanalyse à l’épreuve de l’islam” l’a lu pour “l’Obs”.

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« Jésus selon Mahomet » est un livre saisissant et accessible à un large public, malgré sa documentation savante. Il arrive au bon moment, si l’on considère la curiosité pour l’islam dont beaucoup de lecteurs témoignent en France dans les circonstances dramatiques d’aujourd’hui. De ce point de vue, ce livre conjoint l’essai éclairant et l’acte de politique intellectuel, à travers l’association des noms de Jésus et de Mahomet, en une période qui charrie tant de clivages.

La fécondité de cette association réside dans l’hypothèse des auteurs, d’après laquelle «Jésus» est un opérateur de jonction et de disjonction qui a permis à Mahomet de se frayer un chemin entre judaïsme et christianisme, afin de prendre place dans l’histoire du Dieu Un, déjà longue lors de son apparition au vie siècle, et de constituer sa propre prédication. Le tour de force des auteurs et la nouveauté de leur démarche résident dans la préposition «selon» qui marque l’idée d’un point de vue de Mahomet sur Jésus, qui propose au lecteur de suivre la lecture de Jésus par Mahomet. Or le mot «Coran» désigne la lecture.

Je connaissais le statut exceptionnel de Jésus, et j’ajoute très vite de Jésus et Marie dans le Coran et dans la tradition islamique, puisqu’il est souvent désigné comme «fils de Marie». Mais le livre de Mordillat et Prieur propose de montrer comment cette exceptionnalité tiendrait à la figure d’un Mahomet lecteur des textes monothéistes qu’il a rencontrés. Le Coran serait alors le résultat et la tentative géniale de raccorder les Arabes de son époque à la généalogie abrahamique.

Mahomet serait en effet un commerçant qui aurait sillonné l’Arabie et du même coup «visité» les textes monothéistes dans cet espace pour ensuite les traduire et les interpréter, selon l’heureuse étymologie latine du mot «interprétation»: interpres, qui signifie «échange et commerce du sens».

Le premier Mahomet serait un caravanier, matériellement et spirituellement, qui aurait trouvé dans la figure de «Jésus» l’opérateur satisfaisant cette dualité, en tant que Jésus est par lui-même dual: à la fois verbe et chair de Dieu. Le Coran lui reconnaît ce statut, sans pour autant accepter le dogme chrétien qui en fait l’incarnation de Dieu. Mahomet s’en approche de près au point d’être christique sans devenir chrétien. De grands mystiques musulmans, tels qu’Ibn Arabi, Hallaj ou Rumi, l’ont ainsi reconnu.

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