Rencontre et dédicace
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Le , L'&

Un matin, aux Buttes-Chaumont, à petites foulées, j'ai repéré sur une pelouse
une nuée de corbeaux. Si je suis né à Paris, si j'y habite désormais, j'ai passé
mes vingt premières années à la campagne : donc, les corbeaux, je les connais
un tout petit peu. Sans être franchement dangereux, faut pas les chercher bien
longtemps avant qu'ils vous fassent regretter amèrement d'être venu les
taquiner de trop près. Et puis, c'est de notoriété publique, ils n'aiment pas le
bruit et l'agitation.
Et voilà que les corbeaux sont entrés dans Paris.
Pourquoi, diable, ont-ils abandonné leur ruralité pour la vie citadine ?
Et si ces corbeaux n'en étaient pas vraiment ?
En partant sur les traces des corbeaux parisiens, le narrateur dénoue avec
ironie, effronterie et drôlerie, le fil de sa jeunesse passée à la campagne. Une
campagne où la boue colle aux godasses, où l'ennui donne le tournis, et où les
corbeaux sont vus d'un mauvais œil. La vie y était ainsi, brute, authentique,
cocasse. Mais tout ce monde a disparu. À Paris, alors que le narrateur est
devenu dessinateur, les corbeaux continuent de l'accompagner et de lui
rappeler un passé qui s'est volatilisé...

Boll signe ici un roman très attachant : un voyage au temps des corbeaux dans une langue haute en couleurs et en mots simples. Et l'oiseau se fait " Madeleine de Proust".
Sous nos yeux l'auteur ravive une campagne qui a partiellement disparu, celle où la boue colle aux godillots. Alors, nous reste le souvenir et ce délicieux roman, sépia et jamais nostalgique.

Nicolas G. pour l'&